Café-Débat : les TIC (technologies de l'information et de la communication ( janvier 2006)

Publié le par Denis

Toc-toc, les TIC ?

 

En janvier le café débat de Vivre en Trièves s’est penché sur les Technologies de l’Information et de la Communication (qu’on appelle communément les TIC), plus précisément sur l’outil Internet et sur le téléphone portable.

Lancé dans les années 60 à des fins militaires, le réseau Internet (ordinateurs reliés entre eux formant une toile) a été ensuite développé par des universitaires. Le premier “ navigateur ” grand public sur “ la toile ” et le courrier électronique apparaissent en 1993.

Aujourd’hui, il y a 25 millions d'internautes en France, dont un tiers utilisent l’ADSL, la technologie de l'Internet à haut débit la plus répandue.

Les objectifs de l’aménagement du territoire sont que d’ici fin 2007, 100% des communes et 80% des Français puissent avoir une connexion haut débit à 2Mb/s (vitesse de transmission des données). Mais l’ADSL, qui utilise le réseau téléphonique, nécessite qu’on soit à moins de 5 km d’un "répartiteur". Pour des habitations plus éloignées par exemple, d’autres technologies permettent la connexion haut débit : le satellite, le Courant Porteur en Ligne à partir des câbles EDF, ou le WiFi à partir d’émetteurs.

Qu’en est-il pour le Trièves ? Selon le Conseil Général, en 2006-2007, la couverture ADSL atteindra : 13% à Miribel, 32% à Prébois, 80% à Sinard, Monestier, Roissard, 100 % à Tréminis. Le canton de Clelles sera couvert à 95 ou 100 % selon les communes. Mens et St-Baudille sont déjà au maximum de l'offre possible – au grand dam des habitants du hameau de Longueville trop éloigné du “ répartiteur ”, qui ont entamé des démarches auprès de leur mairie. A noter, pour les foyers qui ne pourront pas être raccordés par l'ADSL "filaire", le Conseil Général envisage de développer la technologie WiFi mais pas avant 2007, et si la région Rhône-Alpes est retenue pour la licence.

Internet : ouverture ou isolement ?

On échange à distance : des nouvelles et des photos du petit dernier entre amis et avec la famille éloignée ; des documents, des infos, des idées entre bénévoles dans une association ou entre collègues d’une même boîte. Chacun reconnaît que le développement des TIC lui a permis d’économiser des km et des heures de réunions. Sans compter ceux qui, sans cette technologie et les possibilités de télé-travail qu’elle offre, n’auraient pas pu s’installer dans le Trièves comme traducteurs, graphistes, rédacteurs, chercheurs, réalisateurs…

Notons aussi que le Trièves faisait partie d'une expérience pilote lancée en 1995 avec le Vercors : Les "Réseaux buissonniers", qui rassemble aujourd’hui encore les écoles du Vercors afin de les sortir de leur isolement.

Et enfin, l’Internet a aussi fait son apparition dans le commerce et l’administration : on paie en ligne ses impôts ou son billet de train – mais en même temps, on supprime des postes ou des guichets.

Alors ouverture, oui, Internet peut en être une, à la campagne plus qu’ailleurs peut-être, pour travailler, s’informer, pour compléter – et non remplacer ! – les liens physiques avec un employeur, un client, une famille éloignée, un service public…

Mais ceux qui ne l’ont pas se sentent de plus en plus “ déphasés ” : même la télé s’y met, ne donnant pour contacts que des adresses de sites Internet et de moins en moins un n° de téléphone. Marie-France y trouve une raison pour que chacun entretienne de bonnes relations avec ses voisins, comme au temps où le téléphone était rare. Justine insiste sur le café Internet qui a ouvert à Mens : à travers les forfaits proposés, il ne tient qu’à chacun de prendre l’habitude d’y aller, comme autrefois à la poste pour les téléphones publics. A condition d’éviter, toutefois, les heures où les cinq ordinateurs sont pris d’assaut par les ados qui viennent y jouer en réseau ! Et d’ailleurs André, à travers un poème de Robert Baudet, nous invite à réfléchir sur la confusion entre le virtuel et le réel que peut créer, notamment chez les jeunes, l’usage immodéré de la télé ou de l’ordinateur. Car on peut aussi s’isoler - des autres et de la réalité du monde - en ayant tous les outils de communication.

 

Le problème de l’ordinateur, ce n’est pas seulement son coût, c’est aussi qu’il faut savoir s’en servir. Le Conseil Général a doté d’un parc informatique les écoles, et donne la possibilité de créer un cybercentre par canton, avec une personne-ressource pour former les gens. On note que celui de Clelles a récemment fermé… Robert aimerait trouver le moyen de mutualiser les connaissances, les compétences et les astuces informatiques de chacun, pour les mettre à disposition de tous. Il nous rappelle aussi qu’il faut se détendre tous les quarts d’heure devant l’écran : car l’être humain, à l’origine, est plutôt fait pour s’enfuir à toutes jambes devant un lion que pour rester les doigts serrés sur une souris, serait-elle d’ordinateur !

 

 

Mon téléphone portable me sonne, donc je suis… !

 

Personne, dans le Trièves, n’ignore que le fonctionnement du téléphone mobile est conditionné à l‘existence sur le territoire d’antennes-relais. Ainsi, il se dit qu’à Mens le meilleur endroit pour “ capter ” est d’utiliser son portable sous la halle ou… à l’intérieur d’une certaine cabine téléphonique !

Le problème de l’impact des ondes électromagnétiques sur le cerveau n’a été qu’effleuré. A ce jour la question des seuils au-delà duquel le téléphone portable peut s’avérer dangereux n’est pas tranchée. En attendant des données fiables et un cadre réglementaire, c’est donc à chacun de définir son propre principe de précaution… L’utilisation d’une oreillette est un premier pas, mais n’oublions pas que plus l’antenne relais est éloignée, plus le téléphone émet des ondes puissantes pour capter le réseau : rural et portable ne font donc pas forcément bon ménage !

 

Chacun ensuite y va de son vécu. Il y a les “ nomades ” pour qui, parce qu’ils déménagent souvent, cela revient moins cher que le téléphone fixe, il y a ceux que le portable a vraiment tiré d’embarras à l’occasion, ceux qui ont ainsi moins d’inquiétude avec leurs ados, et ceux que leur visiteur a appelé quatre fois sur les trois derniers km pour vérifier l’itinéraire qu’on lui avait confié…au téléphone. Les gens qui téléphonent dans la rue sont étrangers au monde qui les entoure mais au moins, soupire un participant, sont-ils souvent plus souriants que du temps du balladeur à musique…Et toutes ces anecdotes nous mettent d’accord : l’outil est utile en soi, c’est la manière dont les gens l’utilisent qui pose question. Sait-on s’en passer ? Sait-on le couper ou ne pas répondre ? Ou se laisse t-on dominer par le portable qui sonne alors qu’on est tranquillement à causer entre amis ? Cette mauvaise habitude de donner la priorité au téléphone, déjà acquise avec le fixe, s’amplifie avec le portable. N’est-ce pas alors aussi une façon de prouver aux yeux des autres que l’on existe, dans une société de plus en plus individualiste ? Car avec 43 millions d’abonnements en France (même si cela fait un peu moins de possesseurs de la chose), il ne s’agit plus de prouver qu’on a un portable, mais aussi qu’il vous sonne !

 

Publié dans Cafés Débats

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